Une arboriculture « fermière »
Tout comme la viticulture, l’arboriculture est souvent « monoculturale ». Cependant, de nombreuses fermes en biodynamie développent un atelier d’arboriculture intégré aux autres productions. Les fruitiers cultivés en pré-verger ou de façon extensive (haute-tige de « plein-vent ») demandent en effet bien moins d’attention que les variétés plus productives et cultivées de façon plus conventionnelle. Ce type d’« arboriculture fermière » permet également de réaliser des tailles douces qui respectent la beauté de la forme que l’arbre peut exprimer.
Sols fertiles et biodiversité
Il existe évidemment des arboriculteurs spécialisés pratiquant la biodynamie. Ceux-ci utilisent plus ou moins les mêmes outils que les viticulteurs pour assurer la santé et la productivité de leurs vergers : attention portée à la fertilisation des sols, à l’enherbement, à la biodiversité… L’emploi des préparations biodynamiques sur les monocultures spécialisées devrait être beaucoup plus régulier et « intensif » que dans une ferme de polyculture-élevage.
Une approche particulière de l’arbre
La biodynamie considère les arbres comme des êtres coloniaires.
A l’image des polypes sur un récif corallien, les bourgeons et les pousses qui en naissent sont considérés comme des êtres à part entière, comme des plantes annuelles qui se développent sur un socle, le tronc, qu’elles ont-elles-même créé. Ces « plantes » individuelles sont reliées entre elles et aux racines des arbres par le cambium qui représente alors le prolongement du système racinaire circulant à travers le tronc. Les arbres peuvent ainsi être considérés comme une sorte de « prairie surélevée » qui se développe annuellement. Certains botanistes, scientifiques « modernes » rejoignent cette idée, comme Francis Hallé (Plaidoyer pour l’arbre, éditions Actes Sud, 2005) ou Ernst Zürcher (La forêt, un organisme particulier, Biodynamis Hors-série n° 23).
Dans ce sens, le tronc lui-même est vu comme un « sol surélevé », un monticule de terre très vitalisé. Cette idée présentée dans le « Cours aux agriculteurs » a inspiré aux pionniers de la recherche en biodynamie (E. Pfeiffer, M. Thun) des moyens de prendre soin du tronc un peu comme l’on prend soin d’un sol, à l’aide de badigeons.
Pour aller + loin
Exemples de pratiques biodynamiques en arboriculture
Le badigeon
Les vergers en biodynamie bénéficient souvent d’une méthode de soin particulière appelée « badigeon ».
À l’automne, après la chute des feuilles, le badigeon est confectionné en mélangeant une quantité égale de bouse de vache fraîche et d’argile. On utilise souvent l’argile blanche « kaolin » qui résiste bien au lessivage par la pluie. Ce mélange est rendu plus souple par l’adjonction d’une décoction de prêle, pour ses propriétés antifongique, et d’une dynamisation de bouse de corne préparée ou de compost de bouse, qui apportent la dynamique des préparations du compost.
Les troncs et les grosses branches (charpentières) des arbres sont ensuite badigeonnés avec ce mélange. Ses bienfaits son multiples : il protège l’écorce des arbres des « coups de soleil » durant l’été, il rajeunit et assouplit l’écorce, il apporte des nutriments, il empêche l’hivernage de certains insectes et champignons parasites dans les anfractuosités de l’écorce…. Il remplace très avantageusement les badigeons plus connus à base de chaux.
+ de détails dans l’article “Le badigeon”du n°112 de Biodynamis.
Plantation d’arbre et pralinage des racines
Lors de plantations d’arbres à racines nues, les biodynamistes pratiquent souvent un pralinage des racines. La recette est comparable à celle du badigeon, avec cependant moins de bouse de vache (1/3 de bouse pour 2/3 d’argile). Ce pralinage permet une hydratation des racines souvent desséchées par leur séjour à l’air libre, il « ferme » les plaies ouvertes par la taille des plus grosses racines et assure une meilleure reprise à l’arbre.
+ de détails dans l’article “Plantation d’arbres et pralinage”du n°115 de Biodynamis.
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