Fertilité du sol et compost

Le sol est le terreau de tout ce qui pousse. La qualité et la valeur de nos aliments dépendent de la vitalité du sol. De fait, le sol est la base de notre vitalité et en biodynamie, il est aussi est source de force.

Fertilité des sols en biodynamie : productivité, durabilité et qualité alimentaire

« Pour un agriculteur, le mot fertilité résonne un peu comme productivité et également durabilité. Deux notions bien différentes mais nécessairement complémentaires puisque le rendement ne doit pas hypothéquer l’avenir et pour les biodynamistes, il rime en plus avec qualité nutritive. Pour produire des aliments d’une bonne qualité nutritive, tout commence par le sol. Pour qu’une graine puisse y germer, le sol doit être en harmonie avec les quatre éléments, l’air, la lumière, la chaleur et l’élément terre. Par la suite, la polarité entre la terre et le cosmos deviendra un nouveau facteur de forces et d’équilibre. » Laurent Dreyfus, ancien collaborateur du MABD, dans le hors-série de la revue Biodynamis Biodynamie et fertilité des sols.

Voir aussi la page “Qualité et vitalité des aliments

Les enjeux liés à la fertilité des sols

L’importance d’un sol sain, naturel, riche en humus

Préserver un sol sain et favoriser l’humus dans le sol est l’objectif premier des producteurs, eux qui cherchent sans cesse à en stimuler la fertilité, la préserver et l’améliorer.

Pourtant, durant une longue période d’après-guerre, le recours à la fertilisation minérale, l’utilisation d’intrants industriels justifiée par des raisons économiques et l’intensification du travail du sol ont fortement impacté cette fertilité.
Aujourd’hui encore, notre civilisation provoque chaque année des pertes gigantesques de terres agricoles par désertification, lessivage et artificialisation des sols. Les aléas météorologiques (sécheresses, précipitations, etc…), accentués par les changements climatiques, accélèrent également cette perte de sols fertiles.

Un sol riche en humus s’avère être beaucoup moins sensible à tous ces phénomènes. En effet, comme une éponge, il est capable d’absorber beaucoup plus d’eau, diminuant ainsi le ruissellement et l’érosion. L’eau ainsi stockée est redonnée aux plantes lors des périodes de sécheresse, leur permettant alors de jouer un rôle rafraîchissant pour le lieu. 

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La fertilité naturelle des sols contre les polluants

De nos jours, les agriculteurs reconnaissent le caractère non renouvelable des engrais chimiques et cherchent à retrouver une fertilité naturelle de leur sol. Celle-ci est directement dépendante des êtres vivants qui y vivent puisque ce sont eux qui transforment efficacement les matières organiques pour fabriquer une structure grumeleuse et offrir les éléments nutritifs aux plantes.

Grâce à cette structure d’origine biologique, le sol absorbe plus facilement l’eau et résiste aux phénomènes de battance et à l’érosion. Les sols fertiles sont aussi capables de dégrader rapidement des polluants comme les pesticides.

Un sol fertile, réservoir de carbone contre le réchauffement climatique

Enfin les sols fertiles riches en humus stockent de manière efficiente les éléments nutritifs – en particulier l’azote, prévenant ainsi l’eutrophisation des rivières, des lacs et des mers (phénomène des “algues vertes”). Ils stockent la matière organique et agissent comme un réservoir de carbone. Les sols de la planète contiennent autant de carbone que les plantes et l’atmosphère réunis. Par conséquent, plus nous stockons de carbone dans le sol, plus nous contribuons à l’atténuation du réchauffement climatique (voir FIBL sur la Fertilité des sols).

Biodynamie et compostage

L’organisme agricole en biodynamie : présence animale et fumure de qualité

La biodynamie permet par ses préparations et pratiques d’activer la vie souterraine. La base sous-jacente et fondamentale à cela est la constitution d’un organisme agricole par l’agriculteur.

Au sein de cet organisme, l’élevage fournit la fumure adéquate pour le sol et les plantes. Et les plantes à leur tour vivifient le sol par l’accomplissement de leur cycle de vie.
Rudolf Steiner enseigne en 1924, lors de ses conférences : « C’est la terre même qu’il faut vivifier et on ne peut pas le faire en la minéralisant, ce n’est possible que si l’on procède à l’aide d’éléments organiques que l’on prépare en conséquence afin qu’ils agissent directement sur l’élément terrestre solide en l’organisant, en le vivifiant ».

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Le compost biodynamique et l’apport des préparations du compost

Pour enrichir le sol, la biodynamie utilise donc en particulier le compost biodynamique, c’est à dire un compost ayant reçu les six préparations biodynamiques spécifiques pour les composts.

Les biodynamistes se servent généralement de fumiers pailleux, assez riches en cellulose facilement décomposable, pour élaborer leur compost dans lequel ils ajoutent les six préparations biodynamiques qui orientent son évolution et améliorent sa qualité fertilisante.

Dans le sol, ce compost biodynamique :

  • alimente les champignons microscopiques et les bactéries responsables de la structure fertile du sol,
  • apporte également de l’azote, nécessaire à la multiplication des micro-organismes existants ainsi qu’à la nutrition des plantes,
  • stimule les plantes cultivées. Elles semblent plus à même de puiser tout les éléments dont elles ont besoin pour bien se développer, rester saines et produire une alimentation de qualité.

La comparaison entre deux andains de compost identiques, l’un ayant reçu les préparations et l’autre non, montre le plus souvent :

  • un effet régulateur des préparations biodynamiques vis à vis de la montée en température du compost,
  • un effet stimulant de l’activité biologique qui aboutit à un compostage plus rapide et plus abouti des matières organiques.
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Pour aller + loin :

Étude portant sur l’effet des préparations sur le compostage en tas de déchets de figuier de barbarie et de moringa.

Évolution de la fertilité des sols selon les pratiques agricoles

L’étude du FiBL (Institut de recherche en agriculture biologique – Suisse) titrée Évolution des sols après 42 ans au sein de l’essai DOC est consacrée à l’effet à long terme des systèmes d’agriculture biologique et conventionnelle sur la qualité des sols. L’essai DOC (bioDynamique, bioOrganique, Conventionnel), en cours depuis 1978 à Therwil (Suisse), compare les systèmes agricoles biologiques (BIOORG), biodynamiques (BIODYN) et conventionnels (CONFYM), respectivement à deux niveaux de fumure différents.

Quelques résultats de l’essai DOC résumés

Des études de longue durée montrent que l’agriculture biodynamique lie particulièrement le sol et la plante. Par exemple, les sols biodynamiques sont plus profondément enracinés et contiennent plus de vers de terre et de micro-organismes que les sols biologiques ou les sols cultivés de manière conventionnelle.
Résultats d’essais sélectionnés à partir d’essais à long terme avec des niveaux d’engrais comparables et la même rotation des cultures.

Intensité d’enracinement (Moyenne 0 – 55 cm, seigle d’hiver, essai DOC)

Source: Bachinger J. (1996): The influence of different fertilisation types (mineral, organic, biodynamic) on the temporal dynamics and spatial distribution of soil chemical and microbiological parameters of C and N dynamics and on plant and root growth of winter rye. Schriftenreihe des Forschungsring/IBDF Bd.7 Les données sont celles de l’essai DOC mais les articles de synthèse sont publiés dans les revues citées ici.

Masse de vers de terre (Grammes par m²)

Source: Pfiffner L, Mäder P (1997): Effects of Biodynamic, Organic and Conventional Production Systems in Earthworm Populations. Biol. Agric. Hortic. 15: 3-10
Source: Raupp J (2001): Effects of biodynamic preparations in long-term fertilisation trials, Lebendige Erde 5-01, 42-44.
Source: Minarsch E M, Gattinger A, Skinner C, Mäder P (2020): Potentials of organic farming in times of climate change: Lower nitrous oxide emissions especially on biodynamic arable soils. Lebendige Erde 2-20, 40-45
Sources SOILCONNECTION de BFDI

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