Un changement d’attitude : One Health
Face au sentiment d’impuissance qui peut parfois nous envahir, l’agriculture biodynamique propose un certain nombre de pratiques directement applicables. Par exemple aider les plantes cultivées à faire face à la sécheresse, aux orages de grêle, aux gelées printanières. Ou fixer le carbone en produisant de l’humus.
La biodynamie propose aussi de repenser les liens qui nous unissent à la « Nature », c’est à dire considérer l’Homme comme indissociablement lié à tous les autres êtres vivants. La santé des humains, des cultures et des animaux d’élevage est totalement dépendante de la qualité de leur environnement. C’est cette approche globale que développe l’agriculture biodynamique depuis une centaine d’années. Elle s’officialise doucement depuis le début des années 2000 sous le nom de « One Health » ou « Une seule santé » et devrait toucher toutes les activités économiques.
La biodynamie, une agriculture en phase avec le Vivant
Il est impératif de passer d’un rapport de destruction du Vivant à une collaboration active avec le Vivant.
- La dispersion massive de poisons « phytosanitaires » pour éradiquer les parasites des monocultures,
- l’appauvrissement des milieux (assèchement des zones humides, destruction des haies, retournement des prairies…) pour étendre autant que possible les « espaces productifs intensifs »,
- l’utilisation des engrais et herbicides chimiques qui détruisent la vie du sol et la flore adventice, la concentration des animaux d’élevages,
- l’emploi abusif de médicaments antibiotiques et antiparasitaires
–> sont des actes profondément dévastateurs envers la Nature.
L’agriculture biodynamique propose au contraire de penser la ferme comme une cellule d’un tissu qu’est le paysage, faisant elle-même partie de l’organisme vivant qu’est la Terre.
Des solutions concrètes
Favoriser la biodiversité animale et végétale :
- En redonnant sa place à chaque élément (eau – air/lumière – feu – terre) Au sein de la ferme à travers l’aménagement ou la restauration d’une diversité maximale de milieux : zones humides et cours d’eau, prairies sèches, murs de pierres sèches, haies et espaces boisés… Ceci afin d’atténuer les phénomènes météorologiques extrêmes et d’accueillir et favoriser une abondante biodiversité végétale et animale.
Régénérer la vie du sol :
- En maximisant la capacité du végétal à tempérer les excès climatiques, en maintenant les sol couverts de plantes, vivantes si possibles (enherbement, engrais verts) ou mortes (paillage, mulchs, bois raméal fragmenté BRF…) et également par l’implantation de haies ou par “l’agro-foresterie”.
- En recherchant un développement maximal des organismes vivants du sol qui permettent qu’une partie du carbone apporté au sol par les végétaux y reste durablement sous forme d’humus stable. Si chaque année le taux de matière organique des sols augmentait de 0.4%, c’est l’ensemble des rejets de CO2 de l’activité humaine qui serait « séquestré » naturellement dans les sols. En cela, l’agriculture biodynamique insiste sur l’apport de compost et de préparations biodynamiques pour stimuler la vie du sol.
L’agriculture pourrait être le levier majeur de la lutte contre le « réchauffement climatique » si les sols agricoles retrouvaient les niveaux de matière organique qu’ils présentaient avant l’avènement des produits chimiques de synthèse.
Mieux gérer l’eau :
- En favorisant des sols riches en matières organiques, qui ont une bien meilleure capacité d’absorption de l’eau de pluie, limitant ainsi à la fois les risques d’inondation lors des fortes pluies mais aussi les effets de la sécheresse quand la pluie vient à manquer. Pour cela, l’utilisation de bouse de corne et de compost de bouse est efficace.
- En limitant l’irrigation au maximum et en choisissant les procédés les plus économes en eau (goutte à goutte, récupération des eaux de pluie, phytoépuration des eaux utilisées sur la ferme…)
- En créant des zones “tampon” et “éponge” par l’aménagement paysager (haies, talus, canaux, etc.)
Soigner les plantes par les plantes :
- En employant des tisanes de plantes et des extraits fermentés pour renforcer la résistance des cultures face aux maladies et ravageurs.
- En reconnectant les plantes au cosmos par le respect des rythmes cosmiques.
Passer de l’utilisation des pesticides à la régulation du parasitisme
- En renonçant évidemment à tout produit phytosanitaire et engrais issus de la pétrochimie qui causent la disparition des insectes, des oiseaux, la pollution de l’eau et de si nombreuses maladies chez les êtres humains (voir le scénario 3 de cette étude).
- En régulant les parasites (adventices, insectes, maladies cryptogamiques) par des aménagements écologiques et des mesures spécifiques
Plus globalement, développer des systèmes les plus économes en intrants, c’est le propre du concept d’organisme agricole qui anticipe depuis longtemps ce que nous appelons aujourd’hui « l’économie circulaire ».
Pour aller + loin :
Étude et ressources vidéo
- Étude de Jean Masson qui montre une meilleure résistance de la vigne avec la biodynamie : https://biodynamie-recherche.org/recherche-action-participative-la-biodynamie-favorise-les-defenses-naturelles-des-vignes-contre-les-agressions-du-climat-et-des-maladies/
- 🎥 Vidéo du MABD “La biodynamie une alternative aux pesticides“
- 🎥 Vidéo du discours de M. Helmy représentant Sekem intitulé “Biodynamic Agriculture and Economy of Love, as a model for a food system for our Future” lors de la conférence internationale annuelle du GFFA (Global Forum for Food and Agriculture), axée sur les questions centrales de l’agriculture mondiale et des politiques alimentaires. La conférence s’est tenue à Berlin le 20 janvier 2024.
Le jardin biodynamique, un rôle écologique
Le jardinier en biodynamie peut également, à plus petite échelle, contribuer à la sauvegarde de l’environnement par la réalisation d’un « organisme jardin » résilient et autonome. Il s’attache à :
- Planter et entretenir des haies et des arbres dans son jardin
- Accueillir l’eau au jardin via une marre par exemple
- Remplacer le gazon par des bandes enherbées et fleuries
- Intégrer des animaux au jardin
- Protéger le sol, peau de la Terre
- Viser l’autonomie alimentaire
Chaque jardinier possède le pouvoir de créer des petits îlots de biodiversité, des espaces privilégiés où les forces de vie de la Nature peuvent s’exprimer librement et rayonner alentour. Pour cela, l’utilisation des préparations biodynamiques est un outil incontournable.
Tous acteurs pour un meilleur équilibre
Même si l’on n’a pas la possibilité ou l’envie de prendre directement soin d’une parcelle de notre Terre, chacun peut contribuer à protéger l’environnement au travers de sa consommation, alimentaire en particulier :
- Consommer peu de produits animaux mais de meilleure qualité, issus de l’agriculture biologique ou biodynamique
- Consommer plus de protéines végétales
- Consommer des produits locaux, bio ou biodynamiques et de saison
- Participer à l’acquisition de fermes destinées à l’agro-écologie ou de forêts pour permettre leur libre évolution
- Participer à des chantiers de plantation de haies, d’entretien de prairies sèches, de nettoyage de cours d’eau…
- Devenir consom’acteur
Pour aller + loin : Communiqué de Presse MABD 2022 Protéger l’environnement par une agriculture bio et biodynamique relocalisée
Inventons demain
Face à l’inaction criminelle du pouvoir politique en matière de « protection de l’environnement », il est grand temps d’agir individuellement et collectivement via l’entretien de petits espaces de nature par exemple. Mais surtout, nous devrions refuser en bloc le récit de l’innovation technologique, de la croissance économique et du matérialisme comme seul avenir possible. À nous d’inventer d’autres récits pour que nos enfants, petits-enfants et toutes les générations qui suivront puissent vivre sur cette terre dans la liberté, l’égalité et la fraternité.