La relation homme-animal
La relation homme-animal est au centre des pratiques des éleveurs en biodynamie.
La domestication des animaux de ferme et leur coévolution avec les sociétés humaines est une histoire millénaire. La biodynamie ne considère pas l’animal comme une machine à produire mais comme un être vivant et sensible qui évolue aux côtés des hommes. Aussi, elle est très attachée à développer une certaine compréhension du monde animal et propose des façons novatrices pour les éleveurs d’entrer en relation avec leurs bêtes. Le projet d’élevage doit être clairement conscientisé par l’éleveur et partagé avec ses animaux dans une réelle relation de réciprocité.
Pour aller + loin :
Équilibre et autonomie de la ferme en biodynamie
Le renoncement à toute productivité disproportionnée et la recherche d’un équilibre en fonction du terroir et de la nature des différentes espèces animales est une valeur fondamentale en biodynamie. En effet, une trop grande productivité amène souvent à une rupture dans l’équilibre du domaine et peut mettre en péril la santé et l’évolution de l’ensemble.
C’est pourquoi, ce que l’on appelle le « lien au sol » est primordial pour les éleveurs biodynamistes. Cela signifie que la majeure partie de l’alimentation animale est produite sur la ferme, lui conférant ainsi une certaine autonomie. À l’opposé du modèle actuel qui promeut l’élevage concentrationnaire d’animaux nourris avec des aliments produits à l’autre bout du territoire national, de l’Europe, voire de la planète…
Pour aller + loin :
Télécharger gratuitement les dossiers :
- “La place de l’animal dans l’organisme agricole” à télécharger gratuitement
- “Accompagner l’animal tout au long de sa vie” à télécharger gratuitement
- “Animal, éleveur et société” à télécharger gratuitement
Ou les acheter imprimés :
L’élevage de vaches et le climat
Les vaches sont généralement considérées comme contribuant au changement climatique car elles produisent du méthane au cours de leur processus de digestion, ce qui a un impact plus important sur le climat que les émissions de dioxyde de carbone. Toutefois, si elles sont élevées et nourries de manière appropriée, les vaches contribuent en fait à protéger le climat et la biodiversité.
Les dégâts gigantesques de l’élevage intensif
En effet l’impact du bétail sur le climat est particulièrement négatif lorsqu’il est élevé dans des systèmes d’agriculture intensive et que du fourrage supplémentaire est nécessaire pour soutenir une productivité poussée. Les vaches à haut rendement qui produisent jusqu’à 10 000 litres de lait par an ont des besoins énergétiques élevés, besoins couverts par des aliments concentrés (soja, céréales). Cela signifie qu’elles dépendent d’une alimentation provenant des terres arables qui pourraient autrement produire de la nourriture pour les humains.
Partout dans le monde, la destruction des prairies et des forêts et leur transformation en terres arables pour fournir l’élevage industriel sont l’une des principales causes du changement climatique. Par ailleurs l’utilisation d’engrais azotés synthétiques est une autre préoccupation majeure de l’agriculture chimique car ces engrais libèrent de l’oxyde nitreux, dont l’impact négatif sur le climat est 300 fois plus important que celui du CO₂. Les systèmes à haut rendement réduisent donc l’importance accordée à la production d’aliments directement consommables par les humains, tout en contribuant aux émissions.
L’élevage bovin en biodynamie : une approche vertueuse et durable
En revanche, pour une vache qui produit 5 000 litres, l’herbe des pâturages permanents est suffisante, les coûts écologiques de production, transport et transformation des concentrés évités et avec le fumier produit en stabulation durant l’hivernage, métamorphosé par le compostage biodynamique, une fumure organique locale est créée.
Par un pâturage durable sur des prairies permanentes entourées de haies les bovins favorisent par leurs bouses la croissance des racines et contribuent ainsi à la formation d’humus et au stockage de carbone qui en découle. Toutefois, cela n’est possible que si les vaches retournent dans les pâturages, favorisant ainsi la biodiversité des milieux qu’elles explorent.
L’élevage bovin est donc globalement vertueux pour le climat si ces bovins sont élevés et produisent uniquement à partir des ressources herbagères de la ferme. Ce ne sont donc pas les vaches en elles-mêmes qui sont problématiques pour le climat mais bien la manière dont elles sont nourries et élevées.
Le bien-être animal
L’intégrité physique et morale des animaux
Le respect de l’intégrité physique des animaux est total dans les élevages en biodynamie. Il est indispensable que les bovins gardent leurs cornes, les porcs et les moutons leurs queues, les volailles leurs becs pointus… Si une vache porte des cornes, ce n’est pas que pour faire sa place dans la hiérarchie du troupeau ! La biodynamie considère que ces organes participant pleinement à la physiologie des ruminants. De plus, il semblerait que les cornes aient une importance particulière dans les phénomènes de la digestion, et par là même dans la qualité intrinsèque des productions de lait et de viande.
A télécharger L’importance des cornes chez la vache du FiBL
Aussi l’animal est le plus souvent un être social. L’aspect grégaire doit être pris en compte. Et la biodynamie répond à ce besoin de contacts et d’échanges intra-espèces en favorisant la vie de troupeau et l’accès à des pâtures ou espaces de taille suffisamment grande. En plus de cette interaction entre individus, la vie ou les sorties régulières à l’extérieur permettent la mise en mouvement absolument nécessaire au bien-être physique et moral de l’animal.
©FermedesServanières
Une alimentation de qualité pour les animaux
L’éleveur en biodynamie s’attache également à respecter les besoins fondamentaux et la nature même des différentes espèces d’animaux notamment en termes d’alimentation. Par exemple, les vaches « sont faites » pour manger de l’herbe et non des aliments concentrés à base de céréales et de soja. Une vache sur une ferme biodynamique pâture dans les près et se nourrit de foin en hiver. Les cochons peuvent fouiller la terre de leur groin, les poules gratter le sol et picorer… De même, l’instinct naturel de reproduction est rendu possible par la présence d’animaux mâles. Élever un taureau et permettre la « monte naturelle » est devenu bien rare en agriculture conventionnelle. Mais cela existe encore sur de nombreux élevages en biodynamie.
Des animaux en bonne santé
La santé des animaux est tout d’abord stimulée par une alimentation de qualité sans intrants et sans OGM, adaptée à l’espèce.
Du point de vue des soins, les remèdes de la phytothérapie et même de l’homéopathie peuvent être suffisants pour régler bon nombre de problèmes de santé du troupeau. En effet en biodynamie, la stimulation des défenses naturelles et la prévention sont favorisées diminuant ainsi le recours aux traitements curatifs.
Enfin, en élevant des animaux rustiques, résistants et adaptés au terroir, les paysans préviennent également l’apparition de maladies.
La biodynamie : un plaidoyer pour une mort digne
En biodynamie, les animaux vivent dans de bonnes conditions jusqu’à un âge avancé, sans recherche abusive de rendement ou de productivité. Mais ils doivent inévitablement mourir un jour ou l’autre. C’est malheureusement lors de ce passage que le système des abattoirs fait perdre à l’éleveur la possibilité d’offrir à l’animal une mort digne, en correspondance avec sa vie passée. La biodynamie s’inscrit dans le grand mouvement prônant la possibilité d’un abattage à la ferme, permettant à l’éleveur d’accompagner ses animaux jusqu’à leur dernier souffle. En savoir +.
Ressources supplémentaires et formations
Le FiBL met à disposition un certain nombres de fiches Élevage à télécharger gratuitement : https://www.fibl.org/fr/sujets/animaux
En savoir + sur nos formations sur l’élevage en biodynamie.