La biodynamie appliquée aux grandes surfaces
La mise en œuvre de la biodynamie sur de grandes surfaces peut ne pas paraître évidente a priori, mais de nombreux céréaliers passent le cap aujourd’hui.
Utiliser les préparations biodynamiques en grandes cultures
Travailler les grandes cultures en biodynamie nécessite l’utilisation des préparations biodynamiques. Cela requiert un certain matériel et une certaine organisation du fait des surfaces importantes à couvrir.
Les apports des préparations biodynamiques en grandes cultures sont, par exemple sur un blé d’hiver :
- Après la moisson et jusqu’au semis d’automne, la bouse de corne ou la bouse de corne préparée doit être pulvérisée dès que les conditions d’humidité et de chaleur du sol sont propices. Elle peut donc se faire sur une inter-culture, sur l’enherbement naturel ou après leur destruction, juste avant les semis. Toujours en soirée. Une seconde pulvérisation, ou un « rattrapage » si l’on n’a pas rencontré les bonnes conditions à l’automne, peut se faire au printemps. Par exemple lors d’un désherbage mécanique.
- La silice de corne devrait s’employer au moment du tallage et jusqu’à la montaison afin d’assurer une meilleure structuration de la plante et de prévenir les maladies cryptogamiques. Une pulvérisation à l’automne, lorsque le blé pointe, est utile surtout en cas de problème avec les limaces.
- Le compost de bouse se pulvérise lors du déchaumage ou de la destruction des engrais verts ou cultures dérobées, pour aider à l’humification de la matière organique.
Élaborer ses préparations et adapter le matériel
Avec des grandes surfaces, il faut pouvoir se procurer des préparations biodynamiques en quantités relativement importantes. Le choix peut alors être fait de les élaborer. Plusieurs points à prendre en compte pour cela :
- Savoir élaborer des préparations de qualité, le mieux étant de « s’entraîner » avec d’autres élaborateurs et de se lier à un groupe local.
- Pouvoir se fournir en cornes en quantité suffisante via des réseaux fiables.
- Avoir des endroits et lieux ad hoc pour enterrer les cornes et pour stocker les préparations une fois sorties de terre.
Aussi appliquer les préparations biodynamiques sur des centaines d’hectares de grandes cultures implique l’utilisation de matériel adéquat et une organisation rigoureuse. Parfois, plusieurs dynamiseurs sont par exemple nécessaires. Et avoir le sens du bricolage peut s’avérer utile pour créer ses propres outils de dynamisation et de pulvérisation des préparations, voir le document Autoconstructions et agriculture biodynamique.
L’importance du compost, des rotations et de la biodiversité
Sur les fermes en biodynamie, les grandes cultures sont le plus souvent associées à l’élevage, bovin en particulier. Ceci permet de disposer de fumier qui sera transformé en compost biodynamique, et d’intégrer des prairies temporaires dans les rotations. Elles sont de très bons précédents aux cultures de blé par exemple.
Ces deux pratiques sont très bénéfiques à la qualité du sol. Les céréaliers plus spécialisés utilisent en général des techniques de travail du sol réduit (non-labour) et la culture d’engrais vert pour maintenir ou améliorer la qualité de leur sol.
La mise en place de rotations de longue durée, qui implique la culture de nombreuses espèces végétales, est également indispensable pour une céréaliculture qui ne consomme pas l’humus du sol.
Enfin, Le biodynamiste devrait porter une attention particulière à l’aménagement du paysage (zones boisées, bandes fleuries,…), aux variétés de céréales et à la question des semences (variétés anciennes ou modernes ?) et aux cultures dérobées (engrais verts).
Pour aller + loin :
- Lien FiBL Le principe de la fertilité des sols
- Fiches Itab grandes cultures
L’exemple du pain
Qu’il soit réalisé avec du blé, du seigle, de l’orge ou de l’avoine, que la pâte soit fermentée ou non, le pain est sans conteste l’aliment de base qui accompagne l’évolution de la civilisation indo-européenne depuis les débuts de l’agriculture.
Nous constatons malheureusement aujourd’hui une « épidémie » d’intolérance au gluten (la protéine des céréales précitées), sans aucun doute liée aux variétés issues de la sélection moderne et au cocktail de produits chimiques utilisés pour « traiter » les céréales. Cela marque-t-il une nouvelle étape dans la prise de conscience de notre civilisation ?
En tout cas, de nombreux paysans, biodynamistes notamment, veulent aujourd’hui proposer des céréales et des pains plus sains. Pour cela, le choix de devenir paysan-boulanger est une manière de maîtriser l’ensemble de la production et de valoriser au mieux son travail, ce qui permet aussi de cultiver de plus petites surfaces.
Pour aller + loin :
Semences paysannes
De nombreux agriculteurs biodynamistes sont engagés dans la sauvegarde des variétés anciennes de céréales, plus riches et plus digestes que les blés modernes voir le site www.semencespaysannes.org.
Soulignons que la biodynamie regarde également l’avenir et que notre mouvement est à la source, en Suisse, de la création de nouvelles variétés de céréales bien adaptées à l’agriculture biologique et biodynamique. De manière générale, l’agriculteur biodynamiste se tourne plus facilement vers des céréales présentant une certaine hauteur de tige car elles sont plus adaptées à une cohabitation avec les « mauvaises herbes » et qu’elles fournissent plus de paille pour les litières des animaux.
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