Jardinage biodynamique, pratiques au jardin – potager

A son origine, la biodynamie fut pensée pour l’agriculture. Mais bien vite ses grands principes se sont adaptés aux plus petites surfaces des jardins familiaux. Aujourd’hui, chacun peut contribuer à soigner la terre en agissant dans son propre jardin, et produire des fruits et légumes savoureux et sains, tout respectant la nature. Même sur son balcon, on peut pratiquer la biodynamie !

La biodynamie s’applique aussi au jardin

Ainsi comme on crée un organisme agricole, on créera un “organisme jardin“. L’aménagement de petits lieux de biodiversité (haies, mare, bois en décomposition…) et le compostage sont un premier pas vers cette entité. Sans oublier la présence d’animaux, comme des poules ou des oies, qui peuvent sans problème trouver leur place dans un jardin pour peu que l’espace soit suffisant.

L’utilisation des préparations biodynamiques permettra de stimuler la vitalité du sol et des cultures au jardin. Enfin, l’étude de l’influence des rythmes cosmiques, notamment lunaires, vous aidera pour tous les travaux au jardin : semis, plantations, repiquages…

Démarrer la biodynamie au jardin

Même s’il n’y a pas de recettes toutes faites, vous trouverez dans la fiche qui suit un certain nombre d’informations pour vous aider à démarrer votre jardin en biodynamie : débuter la biodynamie au jardin.

Pour un jardin sain, prolifique et dynamique, n’hésitez pas à consulter les conseils mensuels de Gauthier, agronome et formateur au MABD.

Dans la page « Pour les jardiniers», vous trouverez des informations sur :

Mémo sur l’utilisation des préparations biodynamiques au jardin

La bouse de corne (500)La bouse de corne ou la bouse de corne préparée s’utilisent généralement au printemps et à l’automne, en pulvérisation sur le sol lorsque celui-ci est humide et suffisamment chaud (12°C environ). Elles stimulent la vie du sol, favorisant sa structuration mais aussi la levée et l’enracinement des cultures. Chaque grande période de semis ou de plantation peut ainsi être accompagnée d’une pulvérisation de 500 ou 500P. La pulvérisation sur le feuillage de bouse de corne aidera grandement les plantes souffrant de stress hydrique.
La silice de corne (501)La silice de corne s’utilise sur le feuillage en début de culture, lorsque les plantes sont en pleine croissance, afin de maintenir une bonne “structuration” (épaisseur des parois cellulaires et des cuticules). Elle favorisera ainsi la résistance de la plante face aux maladies, en particulier cryptogamiques. Une plante ayant reçu la 501 précocement sera également plus résiliente face à des conditions estivales trop sèches, mais on s’abstient de pulvériser lors d’un stress hydrique ou quand la culture n’est pas suffisamment vigoureuse. La 501 s’emploie également dans un second temps pour favoriser la maturation et la qualité alimentaire des cultures (fruit et légumes, céréales, mais également sur les prairies avant la fauche des foins). Sur les plantes pérennes, une pulvérisation automnale, lorsque les feuilles commencent à changer de couleur, aidera à la mise en réserve dans les bois et les racines.
La valériane (507)La valériane s’utilise en pulvérisation foliaire pour aider la plante à surmonter un stress climatique : petite gelée, écarts de température jour/nuit trop importants, grêle…
Le compost de bouse Maria Thun (CBMT)Le compost de bouse Maria Thun (CBMT) est particulièrement favorable à la décomposition des matières organiques. On le pulvérisera dès qu’une grande quantité de matière organique fraîche est apportée au sol (fumier, engrais-vert, engrais organique du commerce…). Il peut aussi s’employer dans les étables et en pulvérisation régulière des composts ménagers.
Les préparations biodynamiques du compostLes préparations biodynamiques du compost sont indispensables pour guider le processus de compostage et rendre les éléments plus facilement assimilables par les plantes lorsque le compost est apporté au sol. On les introduit dans les andains de compost dès que ceux-ci sont dressés et idéalement après tout retournement du compost.

Le compostage au jardin biodynamique

Le compostage des déchets ménagers : un geste écologique

Le compostage des déchets ménagers organiques offre une cure d’amaigrissement importante pour nos poubelles : épluchures de légumes, marc de café, thé, coquilles d’œufs, restes des repas, etc. en composent environ la moitié du poids !

il est désormais obligatoire de trier ses bio-déchets. Ainsi de nombreuses communes organisent aujourd’hui la collecte et le compostage de ces bio-déchets et limitent ainsi le flux vers les centres d’incinération ou d’enfouissement. C’est une avancée écologique non négligeable même si les composts uniquement végétaux réalisés à grande échelle ne se sont en général pas très performants d’un point de vue agronomique.

Les personnes ayant la chance de disposer d’un jardin savent que celui-ci génère également un important volume de « déchets » comme les tontes de gazon, les tailles de haies ou d’arbres, les mauvaises herbes retirées du potager et tous les résidus des cultures. Là-aussi la déchetterie communale peut gérer ces matières mais il est bien plus utile et écologique de les recycler sur place en les transformant en un compost qui sera, s’il est bien réalisé, un excellent fertilisant pour le potager.

©M.Bourgeois

Élaborer son compost : équilibre carbone/azote

Les différentes méthodes et les moyens précis d’élaboration des composts pour les jardiniers ne peuvent pas être abordés ici en détail mais soulignons tout de même l’importance de la balance « carbone/azote » pour la réalisation d’un bon compost.

Les éléments « bruns », secs, dits « carbonés » et les éléments « verts », frais, humides dits « azotés » doivent être bien mélangés et en bonne proportion pour assurer le taux d’humidité et l’apport d’oxygène nécessaire au développement des micro-organismes bénéfiques du compost. Pour un bon équilibre, il faut grosso-modo deux parts d’éléments carbonés pour une part d’éléments azotés, en volume. On peut aussi apporter de l’eau si le mélange semble trop sec.
Les éléments « verts » sont principalement composés des épluchures de légumes, des restes de cuisine, des tontes de gazon, de tous les déchets végétaux qui ne sont pas séchés. Les éléments « bruns » peuvent être de la paille, des feuilles mortes, du broyat de branchages assez fin, du foin, de la sciure de bois voire du carton…
Pour obtenir un compost qui augmente réellement la fertilité du sol, l’apport de matière animale en tant que partie des éléments azotés semble incontournable, le fumier de bovin étant sans doute le plus propice à la formation d’un humus de qualité. Si aucun fumier animal n’est disponible, le jardinier pourra compenser par l’apport régulier dans son silo de compostage de petites quantité d’engrais organique du commerce, type sang séché, poudre d’os ou corne torréfiés…

Le compost, un organisme vivant et fertilisant

Du point de vue des agriculteurs et jardiniers pratiquant la biodynamie, le compost est considéré comme un “organisme vivant” à part entière.  Ce concept d’organisme vivant explique bien pourquoi la biodynamie insiste sur le compostage en tas, la formation de l’andain constituant le point de départ, la “naissance” de cet organisme. En accumulant les déchets dans un silo à compost on ne crée jamais ce point de départ. Cependant, de façon pratique, il est effectivement inévitable d’accumuler les déchets au cours de la saison. On pourra tout sortir du silo et mélanger avec une plus grande quantité de déchets frais et, idéalement, de fumier de vache, pour dresser le tas au moment voulu. Les dimensions de l’andain ne devraient pas être trop importantes, dans un jardin par exemple un mètre de large pour 80 cm de hauteur, la longueur dépendra de la quantité de matière à composter.

Si l’andain est parfaitement constitué, avec le bon taux d’humidité et le bon rapport carbone/azote, le compost devrait pouvoir évoluer sans retournement pour donner au bout de six mois environ un excellent fertilisant. Il est également nécessaire de couvrir l’andain avec une bonne couche de paille, de foin ou une bâche respirante. Cette couverture constitue comme la peau de l'”organisme compost” et lui permet de commencer sa propre vie en le séparant du monde extérieur. L’organisme compost peut ainsi, comme tout être vivant, traverser sereinement plusieurs périodes au cours de sa vie, un chemin d’évolution précis traversant 4 grandes phases.

Ressources vidéo :

Les étapes de la maturation du compost

©mabd

Dans un premier temps, se produit une élévation rapide de la température du compost par la prolifération de bactéries thermophiles. Cette phase est importante pour “assainir” le compost, annuler le pouvoir de germination des graines et détruire les éléments pathogènes. C’est pourquoi on peut mettre dans le compost des adventices, même en graines, et des plantes malades, comme les courges attaquées par l’oïdium ou les tomates touchées par le mildiou en fin de saison.

Au bout de deux semaines environ, la température du tas diminue et les champignons commencent à développer fortement du mycélium dans le tas, en cohabitation avec d’autres bactéries non thermophiles. C’est une phase de grande pullulation de vie. Durant cette phase, les échanges gazeux avec l’extérieur sont importants, les champignons et bactéries consomment de l’oxygène et rejettent du gaz carbonique et de l’ammoniaque, l’eau s’évapore, le rapport carbone/azote diminue.

Lorsque se termine cette phase d’échange gazeux avec le milieu extérieur, le compost commence déjà à ressembler à une substance noire et assez homogène, plus humide et qui s’isole de l’environnement. Dans cette substance se développent des animaux supérieurs, c’est à dire des populations de petits invertébrés, surtout une multitude d’espèce de collemboles. Une espèce succède à l’autre : elle apparaît, se multiplie fortement et disparaît ensuite plus ou moins rapidement. Il s’agit d’une métamorphose dans le temps.

Finalement, lorsque le compost devient “mûr“, tout à fait prêt à l’emploi, il comporte une grande diversité d’espèces d’invertébrés et les vers du compost commencent à se développer. L’apparition et le maintien d’un nombre croissant d’espèces spécialisées différentes, à faibles effectifs, nous permet de déduire que le tas s’organise, se structure toujours plus. Le compost devient alors tout à fait homogène. Ce compost sera capable, dans le sol, de créer un humus stable et un sol vivant et bien structuré.

L’utilisation du compost biodynamique

Insertion d’une préparation du compost dans l’andain /©mabd

En tant que jardinier, il faut veiller à ne pas utiliser le compost trop tard. Lorsque les vers se sont fortement développés et que le compost ressemble déjà à une terre de forêt, porte cette odeur particulière, il n’apporte plus beaucoup de vitalité au sol. C’est comme si tout le travail avait déjà été fait, on ne stimule pas les micro-organismes du sol en leur donnant une substance déjà totalement digérée dans le processus de compostage…

Soulignons que les composts biodynamiques bénéficient de l’apport des « préparations biodynamiques du compost ». Il s’agit d’un ensemble de six plantes ayant subit des processus de fermentation particuliers, le plus souvent dans le sol en hiver, visant à renforcer leur effet sur le monde vivant. Ces plantes sont de grandes médicinales de la culture européenne : fleurs d’achillée millefeuille, fleurs de camomille matricaire, ortie dioïque, écorce de chêne, fleurs de pissenlit et fleurs de valériane officinale. Juste après la mise en andain du compost et avant de le couvrir, cinq trous sont creusés à l’aide d’un bâton pour atteindre le cœur du tas de compost. Chaque trou reçoit une des préparations, la valériane se présentant sous forme de jus de fleurs,  sera pulvérisée sur l’ensemble du tas.  

Un tel compost apportera évidemment une fertilisation pondérale au sol, une nourriture matérielle aux bactéries du sol, mais il servira également de « modèle d’évolution » à la matière organique du sol pour que celle-ci se transforme en un humus durable et nourricier. La fertilité du jardin ne se base pas que sur l’apport de compost : la culture d’engrais vert, le paillage, les extraits fermentés de plantes (purin d’ortie pas exemple), sont d’autre façon d’apporter la matière organique. Le compost, tel un levain, fera évoluer au mieux cette matière organique. Une petite quantité de l’ordre d’1 kg de compost par mètre carré de jardin peut ainsi suffire à entretenir la fertilité à long terme.

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