Maraîchage en biodynamie

Comme l’arboriculture, le maraîchage fait souvent partie de la ferme biodynamique diversifiée, mais il peut aussi être la production principale de la ferme.

Principes généraux : vie du sol et de la parcelle, préparations biodynamiques et vitalité des cultures

Le maraîchage, même en agriculture biologique, est le plus souvent mené de façon assez intensive. Les cultures de légumes s’enchaînent tout au long de l’année sur une même parcelle avec beaucoup d’apport de fertilisants et d’irrigation. Ceci laisse peu de place à des cultures d’« engrais-vert » ou à un enherbement naturel qui peuvent régénérer les sols fatigués par ces successions de cultures productives. De même, l’achat des jeunes plants à des producteurs spécialisés entraîne souvent peu de diversité dans les variétés cultivées et l’utilisation d’hybride F1. De plus, l’autonomie de la ferme s’en trouve largement réduite.

Même dans le cas du maraîchage spécialisé, il est important que le biodynamiste limite au maximum ces pratiques. Il doit veiller à ce que son niveau de production ne se fasse pas au détriment de la vie du sol, de la biodiversité cultivée comme sauvage et de la qualité alimentaire des légumes.
Pour cela, l’utilisation des préparations biodynamiques – bouse et silice de corne – est primordiale. Elles sont à pulvériser sur toutes les cultures, et ce de manière régulière tout au long de l’année. Ces préparations sont aussi bien nécessaires à la vitalité du sol qu’à celle des cultures. Elles facilitent par exemple l’humification des matières organiques apportées au sol, créant ainsi une structure grumeleuse dans laquelle les plantes développent intensément leurs racines et leur lien avec la vie du sol qui leur pourvoit l’eau et les nutriments de façon harmonieuse. Les cultures sont ainsi moins demandeuses d’irrigation et de fertilisation.

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Le sol : fertilisation, soin des cultures et gestion des adventices

Limitation des apports en azote

Les apports d’azotes sont plus limités dans le cahier des charges de la biodynamie (Demeter) que dans celui de l’agriculture biologique. Et surtout, une majorité de celui-ci doit être apporté sous forme de compost ou de fumier, plus favorable à la vie du sol que la fumure organique « commerciale ». Le compost dynamisé avec l’apport des préparations biodynamiques est donc le fertilisant le plus recherché par les maraichers en biodynamie.
Les guanos d’oiseaux marins (qui proviennent en général d’Amérique du Sud) sont interdits car leur exploitation est nocive pour ces espèces. De plus, leurs effets sur les plantes se rapprochent de ceux d’un azote synthétique trop directement assimilable.  Il en va de même pour les digestats, résidus ou déchets « digérés » issus de la méthanisation.
Toute technique de culture hors-sol s’éloigne évidemment des principes de la biodynamie.

Contrôle des adventices

Pour contrôler les adventices, les méthodes thermiques ne sont pas conseillées car elles stérilisent les premiers centimètres du sol. Pour éviter de travailler le sol trop régulièrement, celui-ci est souvent couvert. L’utilisation de paillage plastique est limitée, le paillage issu de biomasse doit être mis en place au moins sur une partie des parcelles. La présence régulière d’engrais-verts dans les rotations de cultures est essentielle pour favoriser la vie du sol et réduire l’impact des « mauvaises herbes ».

La protection des cultures

Soigner les plantes par les plantes

L’utilisation de produits à base de cuivre n’est pas autorisée sur les cultures maraîchères. La santé des plantes doit être assurée préventivement par la vie du sol et par l’aménagement de lieux et de cultures favorables à la biodiversité sauvage qui « régulent les nuisibles ». L’utilisation de certains produits commerciaux autorisés en AB comme les BT ou les pyrèthres est possible mais le caractère très généraliste des insecticides naturels doit en limiter très fortement l’usage.
A contrario, l’utilisation d’huiles essentielles ou d’autres extraits de plantes (tisanes, extraits fermentés) est préconisée, elle permet également la régulation de certaines maladies ou ravageurs.

Les bénéfices de la biodiversité animale et végétale

Une part importante du maraîchage doit être consacrée à des espaces de biodiversité, même sous serre. L’installation de bandes fleuries, le maintien ou la création d’espaces non productifs (haies, bosquets, zones humides, murs en pierre, chemin et talus…) voire l’intégration de l’élevage sur prairies permanentes sont autant d’axes d’amélioration de la biodiversité dans les maraîchages biodynamiques. Ces différents endroits permettent par ailleurs d’accueillir les auxiliaires qui peuvent être un soutien précieux contre les ravageurs. Pour plus de précisions : https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/biodiversite-fonctionnelle-en-maraichage/

La biodiversité cultivée dans le maraîchage spécialisé

Idéalement, le maraicher en biodynamie devrait veiller au maintien de la biodiversité cultivée en évitant autant que possible les variétés hybridées et en privilégiant les légumes anciens ou issus de la sélection spécialisée pour l’agriculture biologique et biodynamique. Ces variétés présentent en général des caractères de typicité et de rusticité qui les rendent moins dépendantes des « intrants » (produits de traitements, fertilisation, eau…) et qui assurent une qualité gustative supérieure à celle des sélections modernes.

Les variétés dites « CMS » et toutes les plantes issues de manipulation génétique sont évidemment interdites par le cahier des charges Demeter. 

Plus largement, une diversité de culture qui permet la mise en place de rotations longue est essentielle pour le maintien de la fertilité des sols à long terme. Un maraîchage en biodynamie ne peut pas se spécialiser dans la production de quelques espèces uniquement (salades par exemple). 

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Autres points de vigilance

La production d’aliments biodynamiques ne devrait pas nuire à certains milieux fragiles. C’est pourquoi la quantité de tourbe utilisée dans les maraichages (dans les terreaux, les lits de semences…) est largement limitée.
Le chauffage des serres pour une production hors-saison est évidement exclu et l’utilisation d’énergie fossile pour cultiver les jeunes plants en fin d’hiver doit être réduite au maximum. 
Sur les serres, la récupération de l’eau de pluie est conseillée, obligatoire dans certaines conditions selon le cahier des charges Demeter.

Pour aller + loin :

Dossier technique : La biodynamie en maraîchage 
Dossier du FiBL : Conseils phytosanitaires pour la culture maraîchère bio