Viticulture biodynamique, pratiques pour régénérer la culture de la vigne

La viticulture est de loin le secteur agricole où la biodynamie se développe le plus fortement. En effet, la biodynamie a une influence importante sur la qualité des raisins et du vin. Ainsi, elle est devenue un fait incontournable dans la viticulture française et mondiale.

L’impact des pratiques biodynamiques sur la qualité des vins

Pourquoi un tel engouement pour les pratiques biodynamiques en viticulture ?


D’un côté, le monde du vin est un domaine où la culture de la dégustation et l’approche sensorielle affinée ont une place importante. De l’autre, la biodynamie apportent des changements nombreux mais s’exprimant de façon subtile dans les cultures : vie des sols, résistance des plantes, augmentation de la biodiversité, ambiance dans les parcelles…

Ces changements ne sont pas toujours faciles à détecter, surtout avec les méthodes analytiques classiques. Aussi, les méthodes de dégustation des vins permettent de mieux appréhender les effets subtils de la biodynamie qui se reflètent dans la qualité des raisons et du vin.

Enfin, les vinifications en biodynamie sont le plus souvent presque totalement « naturelles » : l’ajout de levure est interdit, les opérations de clarification et stabilisation très contrôlées et la teneur en soufre (SO2) largement limitée. Ainsi, le vin biodynamique reflète entièrement le travail effectué dans les vignes et le raisin qui en résulte.

Pour aller + loin :

Fiche technique : Vinification et biodynamie
La biodynamie La méthode qui change le vin, article de Jean-Michel Florin.

©mabd

Des sols fertiles et vivants

Un vin de qualité exprime le terroir qui l’a vu naître. Pour cela, la vigne doit être en relation intime avec son sol. Le viticulteur offre de la matière organique aux micro-organismes du sol et ceux-ci nourrissent la plante en retour. La vie du sol est favorisée par les préparations biodynamiques, mais aussi par une bonne gestion de l’enherbement des vignes et par la fertilisation organique.

Le compost de ferme, avec l’apport des préparations dynamiques du compost, est le fertilisant le plus recherché par les viticulteurs en biodynamie. La quantité totale d’azote apportée à la vigne est limitée par le cahier des charges Demeter à 150 kg d’azote/ha sur trois ans, ce qui permet d’assurer un rendement raisonnable et d’obtenir un raisin de qualité.

Pour aller + loin :

Dans cette fiche technique, retrouvez des pratiques pour vivifier et travailler le sol : Le sol, base de la fertilité pour la plante.

Favoriser la diversité végétale et animale dans la vigne

©LaurentDreyfus

Dans le paysage agricole actuel, la vigne est presque toujours une monoculture. Or, il est primordial que la plante vigne soit rendue sensible à son environnement, c’est à dire qu’elle soit en capacité de se lier à ce qui l’entoure. Pour cela, il faut recréer du paysage. Ainsi, les viticulteurs biodynamistes visent à augmenter la diversité dans les vignes, qu’elle soit végétale ou animale.

Ils encouragent la mise en place de haies, murets, talus, fossés… qui sont autant d’abris pour de nombreuses espèces sauvages. Certains vont même jusqu’à intégrer des arbres, des buissons ou des plantes aromatiques au sein des parcelles de vigne. La culture de plantes mellifères en inter-rang est également courante.

L’implantation de nichoirs à oiseaux et chauve-souris est une pratique très répandue dans les vignobles en biodynamie. Les vignerons en biodynamie sont aussi à la pointe du retour des animaux d’élevage dans la vigne, que ce soit au travers du pâturage des vignes par des ovins durant l’hiver, la présence de poules via des poulaillers mobiles ou encore par l‘utilisation d’animaux de trait.

Toute cette biodiversité est très favorable à la vie des sols et à la santé des vignes.

Pour aller + loin :

Fiche technique : Biodiversité, symbiose entre nature et culture  

La santé du vignoble

Diminuer le soufre et le cuivre : un enjeu vital

En agriculture biologique, l’utilisation du soufre et du cuivre est autorisée. Ces 2 produits permettent de réduire les dégâts que les maladies, mildiou et oïdium en tête, peuvent infliger aux vignes. Ces produits sont également utilisés dans la viticulture biodynamique mais en moindre quantité, pour des raisons de santé de la plantes et de bien-être du vigneron.

Par exemple, l’usage du cuivre est limité par le cahier des charges Demeter à 3 kg/ha/an de cuivre métal en moyenne sur 5 ans, là où le cahier des charges bio permet 4 kg par an en moyenne sur 7 ans. Le maître-mot des viticulteurs en biodynamie est donc la prévention.

Enfin, différentes pratiques permettent de jouer sur la réduction des doses de cuivre ou de soufre employées sur les vignes.

Pour aller + loin :

Voir également le paragraphe “Gestion des sulfites” dans la Fiche technique : Vinification et biodynamie.

©BFDI

Vers un vignoble résilient

Les préparations biodynamiques, l’apport raisonné de fertilisants afin de contenir la vigueur de la vigne et le travail sur la biodiversité offrent à la vigne un environnement sain et limitent l’impact des maladies et ravageurs.

Les vignerons biodynamistes sont également pionniers dans la phytothérapie agricole. Il s’agit concrètement de l’utilisation de tisanes ou d’huiles essentielles de plantes médicinales qui stimulent les défenses naturelles de la vigne et limitent la propagation des maladies. 
Enfin, en biodynamie une réflexion sur le plant de vigne lui-même en termes de greffage et de taille est également souvent menée par les vignerons.

  • 🎥 Captations vidéo des interventions du Congrès viticulture organisé par le MABD en mars 2024 à Chignin